La campagne Kickstarter de Trut est séduisante à plus d’un titre. Robin Red Game propose un petit jeu avec des graphismes particulièrement soignés. Le trait des illustrations est remarquablement fin et précis, les poses des animaux sont dynamiques et toutes les cartes sont différentes. La démarche entreprise par l’éditeur et l’histoire même du jeu contribuent aussi au charme de cette campagne. L’offre jeu est complète; et ce dès le lancement de la campagne. Ici, pas question de remplissage d’une boite vidée pour créer les Stretch Goals. Ceux-ci sont de réels ajouts.
Ramage et plumage.
Trut se positionne comme le petit jeu qu’il est, sans avoir besoin d’être surdimensionné. Chaque partie peut se jouer en un quart d’heure et on peut les enchaîner. Une petite boîte qui prend peu de place et a le potentiel à sortir souvent. Les points se gagnent soit en remportant les manches/plis, soit en truttant, c'est-à-dire qu'on annonce gagner la manche. L'adversaire peut alors abandonner la manche et perdre le point. Ou décider de la jouer mais pour un enjeu plus conséquent s'il perd : le joueur qui trute va non seulement gagner plus de points mais vous risquez aussi d'en perdre certains gagnés précédemment.
Jeu de plis, Trut est donc tout autant un jeu de bluff aux règles simples et malines, modernes même. Avec l'enchaînement rapide des parties, c'est aussi un jeu propice à la création d'un métagame avec des temps propices au bluff ou, simplement, à mettre la pression sur l'adversaire.
Une offre proche de l’aspiration des joueurs
On ressent bien qu’il s’agit là d’une première expérience sur Kickstarter pour Robin Red Game qui souffre de quelques défauts dans l’élaboration de sa campagne.
Le plus flagrant est d’avoir proposé trois niveaux de souscriptions dont le premier (à 12€) ne donne pas accès aux Stretch Goals mais seulement au jeu de base. Heureusement, l’évolution de la campagne et le déblocage rapide des Stretch Goals rendent le pledge à 20€ de plus en plus attrayant; au fur et à mesure que la campagne avance, ce niveau de financement prend l’allure d’une version « de luxe ». Même si nous ne sommes guère friands des marque-page, badge, autocollant et autres babioles : le "luxe" est ici bien accessoire et ne se justifie que par les cartes ajoutées qui modifient le jeu traditionnel et ajoutent de la variété. C’est toutefois le niveau de souscription que nous recommandons (avec l’offre "deux exemplaires de Trut", incluant les bonus et goodies en double aussi, si vous voulez faire un cadeau ou jouer à plusieurs tables).
Il est appréciable que les jetons de score initialement prévus soient conservés dans la boite, en plus de leurs équivalents en bois débloqués. vous aurez donc le choix, le genre de petit détail qui confirme la volonté de l’éditeur de faire plaisir aux souscripteurs. Les frais de port, offerts pour la France et pratiquement insignifiants pour le reste du monde, contribuent aussi à l’intérêt porté à ce projet.
Reste à voir si la campagne de Trut va se poursuivre avec la même constance que lors de la première semaine, exception faite du démarrage très mitigé. Bien sûr on ne parle pas ici de sommes faramineuses et de quantités dantesques. Trut va à l’essentiel : avoir le plaisir de jouer en bonne compagnie et avec du beau matériel, simplement. On est proche de l’aspiration des joueurs et cela fait du bien de voir que Kickstarter, et le crowdfunding en général, est toujours capable de soutenir un projet tel que celui-ci : terre à terre.