Avec Mistfall, NSKN a créé un univers medfan qui sort des poncifs, un peu à la façon de Gloomhaven. Développés indépendamment, les deux partagent bien des points communs. Dans le cas de NSKN, celui-ci se prolonge en plusieurs jeux bien différents donc ce dernier, Chronicles of Frost.
Chronicles of Frost est probablement le titre le plus léger dans l'univers de Mistfall. Mais pas le moins intéressant avec une promesse séduisante : faire tenir un jeu d'exploration, façon Porte-Monstre-Trésor (ou Hack and Slash, c'est comme vous préférez) en une heure chrono. Sans en faire un exercice débilitant.
Le jeu repose sur une mécanique de deck building où chaque carte en main va servir de ressources pour réaliser nos actions. Quatre ressources sont disponibles qui vont permettre de réaliser différentes actions (se déplacer d'une zone à une autre, combattre etc.). L'idée maîtresse est que chaque carte dispose de deux gains possibles : le premier, automatique; le second, plus performant, soumis à un investissement. Chaque joueur commence la partie avec un jeton "Skill" qui permettra, une fois par tour, d'activer certains de ces gains avancés. Mais toutes les cartes peuvent aussi être activées en sacrifiant un point de vie (ou même plusieurs pour des cartes plus fortes).
Car on ne meurt pas dans Chronicles of Frost. Quand les points de vie baissent et atteignent un certain seuil, le nombre maximum de cartes en main diminue. Et donc nos possibilités au prochain tour. Un système astucieux de sacrifice à doser entre plus de possibilités immédiatement pour s'affaiblir ensuite ou y aller plus prudemment plus longtemps. Un choix qui peut se révéler pénalisant mais pas handicapant puisque de nombreux endroits/effets permettent de regagner des points de vie.
Le jeu se joue en suivant des cartes de Quête, qui vont indiquer où aller et que faire. Celles-ci permettent de gagner des points. Tout comme les ennemis qu'on a vaincu (mais on peut investir les gains de ces victoires pour acheter de nouvelles cartes) et même les cartes du deck. Dernière mécanique d'intérêt : les cartes rapportent plus de point lorsqu'elles ont été retirées du deck, incitant d'autant plus à maîtriser le nombre de cartes de son deck.
Si le jeu est intéressant, la réalisation est propre. On peut certes regretter que les illustrations se recyclent un peu d'un jeu à l'autre; mais c'est aussi une force si l'univers vous plait. Un peu comme une saga qui se construit d'un épisode à l'autre. La mécanique à double gain ne permet pas d'avoir des cartes illustrées (ou très peu) et l'ensemble peut paraître un peu tristounet.
Au niveau de la campagne, on apprécie beaucoup les updates ayant traité du jeu et de ses mécaniques. Merci NSKN de ne pas penser à écrire que pour annoncer un nouveau Stretch Goal de franchi. Alors même que le nombre de bonus ajouté est assez impressionnant pour une campagne à moins de 1000 soutiens, avec des paliers super serrés. On connait des éditeurs qui auraient inondé les boîtes mail "d'amazing news vous êtes géniaux encore un Stretch Goal"; on préfère ceux qui nous parlent de leurs jeux.
Le jeu est tout de même un peu onéreux. Rien d'insurmontable toutefois, surtout avec les bonus ajoutés. La version de base, avec des meeples, devrait être largement suffisante. Signalons toutefois une autre idée intéressante de la part de NSKN qui propose un pack de figurines utilisables avec tous les jeux de la gamme. C'est rare et c'est bien dommage.