Conan fait parti de ces sujets sensibles et difficiles à aborder. Un peu comme discuter politique le dimanche en famille, ça finit toujours en engueulade. Tout le monde à un avis et aucun ne fait l’unanimité. Difficile à aborder, aussi, parce que Conan est une immense promesse pour un projet qui l’est tout autant. Un projet français pour lequel nous avons eu la chance de vivre la campagne de l’intérieur, d’avoir des rapports privilégiés avec l’auteur et de bénéficier de quelques « bruits de couloir ». Certains backers se sont même impliqués dans cette aventure en écrivant des scénarios ; bref une communauté est née. On comprend pourquoi il est difficile pour beaucoup de monde de rester objectif quand on aborde ce sujet.
Conan : la promesse
Conan c’est avant tout une promesse. Une promesse de Monolith, l’éditeur du jeu, de faire une campagne jamais vue, une campagne qui va devenir la nouvelle référence, briser les codes et en établir de nouveaux. Après Conan le déluge comme on dit. La campagne de Conan commence fort ; l’euphorie ne retombant jamais, elle finit comme elle a commencé, en boulet de Conan. [NDLR : elle est jolie celle-là, bravo !] Le succès est immense ; et les records battus. Des figurines comme s’il en pleuvait, des add-ons, des extensions, des surprises, des rebondissements pour, au final, une campagne réellement hors norme. Du jamais vu à cette époque et encore rarement vu à ce jour. La campagne a donc tenu toutes ses promesses.
Conan c’est aussi la promesse de faire les plus belles figurines jamais vues sur Kickstarter. Là aussi, la plupart des masters et renders sont impeccables. Les figurines sont variées avec de nombreux détails : si la production est aussi fidèle, on risque d’avoir ce qui se fait de mieux.
Conan, c’est enfin la promesse d’une équipe qui va faire un jeu différent avec une mécanique originale et non pas un énième Dungeon Crawler. Un jeu avec une gamme suivie, un véritable univers et ne pas abandonner son jeu dès que le prochain arrive. Et, surtout, Conan sera le premier vrai jeu de figurines de cette envergure sans retard.
Conan : le retour à la réalité
Nous voici maintenant 20 mois plus tard, le jeu est en passe d’être livré et le constat est sans appel. Certaines promesses n’ont pas été tenues. Et, limite, c’est tant mieux!
S’ils avaient réussi du premier coup, ils auraient décrédibilisé beaucoup d’autres éditeurs et le travail qu’ils ont mis des années à accomplir. Combien de campagnes avant que CMON arrive à ce niveau et à respecter des délais. Même encore maintenant les éditeurs les plus aguerris ont du mal à livrer dans les temps.
Ils vont pouvoir se remettre en question et donner encore plus sur leurs prochaines campagne afin d’atteindre le but et les objectifs promis. Bien souvent, on apprend plus de ses erreurs que de ses réussites. Il faut maintenant espérer qu’ils aient un petit esprit revanchard pour se dire «Sur Conan, tout n’est pas parfait mais sur le prochain on va améliorer tout ça. »
Ainsi, Conan aurait pu être ce qui se fait de mieux en matière de figurine pour jeu de plateau... s’il était arrivé dans les temps. Mais Conan a eu 1 an de retard et, malheureusement pour eux, il y a eu Blood Rage entre temps qui est devenu la référence ultime. Malgré tout, les figurines sont de qualité. Elles sont au niveau d’un Zombicide Black Plague ce qui les positionne quand même dans le haut du panier.
Enfin, on pourrait revenir sur tous ces petits couacs post-campagne avec les retards successifs, la qualité de certaines figurines un peu limite et l’absence de matériels (scénarios, application, jetons des add-ons, etc.). Mais ce qui me semble le plus important, ce sont les problèmes liés aux règles qui devaient nous permettre d’avoir enfin un jeu de figurines original aux mécaniques novatrices. La rédaction, les omissions et l’organisation des règles font perdre une partie du plaisir ludique. Au début, on s’y réfère assez régulièrement et trouver une information (quand elle existe) est très pénible. Il manque clairement un glossaire, un index, une FAQ… et carrément certaines règles.
Conan : un avenir plutôt radieux ?
Le futur de Conan repose sur la capacité de Monolith à résoudre rapidement tous ces problèmes. Si c’est le cas, dans un an tout ceci sera oublié. Donc même si on ne doit pas omettre ce qui a été dit précédemment, on ne peut pas retirer à Conan toutes ses qualités. Le jeu est excellent, certainement un des meilleurs du genre. La mécanique tient vraiment la route et l’immersion est au rendez-vous. Il ne faut pas oublier la communication et le suivi permanent (170 updates). Une des campagnes les plus avantageuses pour les joueurs (des dizaines de figurines, de cartes, de scénarios, de bonus). La grande majorité des figurines sont d’excellente qualité. Et enfin une campagne où le terme participatif avait tout son sens.
En résumé Conan a un an de retard ; et en un an dans l’univers des jeux de plateau il s’en passe des choses ! Certaines attentes deviennent des espoirs avant de devenir des rêves. Et comme souvent avec les rêves, on les idéalise. Il faut donc prendre Conan pour ce qu’il est : un jeu imparfait comme beaucoup de jeux, souffrant notamment d’un manque de finalisation, mais un excellent jeu. Et non pas pour ce qu’on aurait aimé qu’il soit ; tant pis pour la révolution qu’on nous avait promis.
Partant de là, profitez-en bien !
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