La première campagne pour Gloomhaven exigeait une bonne dose de confiance et de curiosité tant le projet paraissait bien trop complexe pour un primo-créateur ne bénéficiant pas d'une structure éditoriale établie. Mais Kickstarter l'a déjà démontré à plusieurs reprise (on peut au moins citer Xia et Kingdom Death) : si la présence d'un éditeur pour porter un projet ambitieux limite les risques, elle ne garantit en rien la qualité réelle du jeu. Et, bien au contraire, ce sont souvent les petits créateurs, portés par leur rêve, qui finissent par livrer les titres les plus intéressants.
Et à ce petit jeu-là, Gloomhaven est probablement la plus belle réussite. Le jeu est devenu le "must have" de début 2017 au point de contraindre son auteur-éditeur à revoir son planning de sortie pour proposer une campagne de réimpression qui ne devrait avoir aucun mal à faire mieux que le Secret Hitler de Max Temkin (34565 soutiens).
Cette seconde campagne permet au passage de corriger quelques points faibles de la première édition, même si seulement des défauts mineurs. Le souscripteur bénéficie pour seul avantage d'un tarif réduit ; mais la réduction n'est pas anodine et, pour un projet qui partirait dans tous les cas comme des petits pains, est très appréciable. Il a aussi réussi à en faire une campagne intéressante en s'appuyant sur des scénarios inédits à jouer en commun.
Un seul point négatif, tout de même : si Gloomhaven est devenu le titre à avoir dans sa ludothèque, il faut bien être conscient que, pour en profiter pleinement, c'est un jeu qui nécessite un fort investissement en temps. Comptez 100-150 heures pour venir à bout de la campagne (à raison de 90-120 min par scénario). Et que le système de retraite des héros après une douzaine de parties n'est pas un système qui conviendra à tout le monde.
Hors ces deux petits points qu'il est bon de rappeler, nous ne voyons pas grand chose à reprocher à ce projet ou son auteur, tous deux exemplaires.