Jeux en financement participatif : la revue de la semaine (16 nov. 2020)

Kickstarter connaîtrait-il enfin un petit coup de mou cette année ? En tout cas, plusieurs projets qui n'auraient pas du connaître de souci ont du annuler leur campagne. Faute de financement ou d'une dynamique suffisante pour espérer atteindre leur objectif réel.

Alors, coup de mou ? Ou simplement campagnes mal foutues ? Réponse probablement cette semaine; ou la prochaine.

Ils se terminent

Mâtiné de cartes. Et d'un doigt de deck-building; en quelque sorte (disons que cela en reprend des mécaniques).

La performance est encore plus notable si on se rappelle que l'éditeur fait ses premiers pas sur Kickstarter. Et qu'il a choisi pour cela un jeu thématisé "hiver enneigé", donc tout en blanc-bleuté. Une thématique sur laquelle nombre d'éditeurs, et des plus connus, se sont cassés les dents.

Certes, le talent de The Mico est ici parfaitement exploité; il apporte une énorme valeur ajoutée à ce qui serait sinon un jeu bien fade.

Mais il y a aussi -surtout- un vrai jeu, prometteur, derrière. Pour en savoir plus, je vous recommande la vidéo explicative de nixx. Trente minutes pour vous aider à prendre une décisions éclairée. Un vrai jeu et des auteurs talentueux : Drake Villareal (Merchants Cove), Stan Kordonskiy (Dice Hospital, Rurik: Dawn of Kiev) et Jonny Pac (Coloma, Sierra West, Pour une poignée de meeples et Merchants Cove).

Reste l'inconnue de ce que Matagot est venu faire là-dedans après son annonce de ne pas avoir prévu une distribution boutique. On profite du coup de la VF mais il ne faudra pas venir se plaindre si une version boutique "surprise" débarque dans le futur. Si c'est le genre de chose qui vous horripile...

Le grand écart est tout de même violent entre le deck-builder (décliné de la série orientée militaire Undaunted) et le kiloplastique pour collectionneur. Et c'est finalement, sans trop de surprise, plus une campagne qui parlera aux amateurs de pitous.

Evidemment, au fur et à mesure que la campagne régresse, la question se pose de la faisabilité de la chose. 200k € pour éditer le jeu et une quarantaine de moules différents, c'est quand même bien tendu.

Ils sont très loin, en tout cas, du succès de leur précédente campagne pour des figs, la Fantasy Series 1 et ses plus de 16000 contributeurs (et le myion de dollars qui va avec). Au moins, les gens savaient ce qu'ils achetaient...

On va arrêter de dire qu'il s'agit d'un Kingdom Death: Monster light. Peu importent les similitudes (le boss fight), on trouvera tout autant de différences. L'argument est peut-être vendeur mais pas vraiment réel.

C'est donc un jeu dans lequel vous allez arpenter la carte pour vous stuffer afin de vaincre les différents boss qui vont croiser votre route. Jusqu'au final, toujours plus dur. En théorie.

En pratique, les auteurs ont évité l'écueil des die and retry (qu'on accepte peut-être en jeu vidéo mais se révèle assez insupportable quand on partage un jeu entre amis). Le jeu ne sera donc pas forcément adapté à qui aime le challenge, la difficulté et l'optimisation. Il s'adresse plus à qui souhaite passer un bon moment. Disons deux ou trois heures (en prenant son temps).

Ainsi qu'aux esthètes : la direction artistique est magnifique, la mise en page de très haut niveau et soignée jusque dans le moindre détail. Ce qui n'est pas si courant, finalement.

L'idée maîtresse de cette forge est de travailler en simultané sur plusieurs épée (les joueurs sont des forgerons). Et d'optimiser ses ouvriers pour faire avancer en un seul coup un maximum de katanas. Techniquement, il s'agit d'une grille dont on va activer une colonne ou une ligne et, donc, toutes les épées qui s'y trouvent.

Chaque avancée dans la fabrication va venir compliquer le puzzle en déplaçant la tuile épée, soit vers la droite, soit vers le bas. A ce petit jeu, la différence devrait vite se faire entre le joueur capable d'optimiser la fabrication de 2-3 épées et celui qui ne craint pas d'en fabriquer 4 ou même 5 en simultané.

C'est joli, intéressant, la réalisation s'annonce propre et le tarif reste accessible (même sans viser la Deluxe et ses 89 pièces métalliques).

Je ne rentre pas dans les mécaniques qui reposent essentiellement sur des dés d'action que vous allez devoir optimiser au mieux. Si possible en suivant le "programme" imposé (ce qui rapporte des bonus). Si besoin en utilisant des jetons de pouvoir (mais qui sont aussi votre jauge de "santé") pour les modifier.

Et le tout en progressant de niveau en niveau, gagnant au passage des compétences etc. Jusqu'au niveau supérieur, celui du boss. Evidemment sans se faire repérer (niveau de menace).

Evidemment, le tarif ne sera pas du goût de tout le monde. L'éditeur joue clairement la carte de l'élitisme, du luxe. Et touche tout de même en général quasiment 5000 souscripteurs. Ce projet devrait toutefois être son plus "petit" depuis le premier Too Many Bones.

Feed the Kraken. Si vous êtes déjà un fan de Secret Hitler (auquel a été ajouté une faction "neutre" qui rappelle beaucoup les Renégats de Bang!), celui-ci ne vous apportera pas grand chose de neuf. Sinon... pourquoi ne pas plutôt attendre la sortie d'une version française en boutique ?

Certes, rien ne garantit qu'une localisation verra le jour. Mais pour ce genre de jeu qui nécessite de réunir six joueurs pour en profiter (ou, plus probablement, dix pour atteindre son potentiel max), même quelques lignes l'anglais de-ci de-là peut vite se révéler terriblement handicapant.

Mention spéciale à la page KS égaillée de gifs de joueurs prenant leur pied à tester ce jeu. Si vous êtes éditeur, copiez-moi ça!

Se termine le mercredi 18 novembre à 5h.

Neo-Morphosis: Infestation. C'est en français, ce qui devrait nous transporter de joie. C'est signé Dark Gate Games, auteur du très bon Vampire Hunters (et apparemment bien parti avec son second, Dark Rituals). Et vu comme ils savent créer des ambiances, on devrait se retrouver très proche d'un jeu Aliens (la licence en moins).

Oui mais... les monstres à tentacules, les illustrations, le coop survie tout ça : on a quand même l'impression de déjà vu. Malgré les innovations dans les mécaniques. Et c'est bien dommage car il y a du potentiel; on le regrettera peut-être plus tard...

Jeu en français. Se termine le jeudi 19 novembre à minuit.

Core Space: First Born. Réputé pour ses décors en carton, Battle Systems s'est aussi fait un nom dans le jeu de figs avec Core Space et sa proposition originale. Le standalone proposé lors de ce Kickstarter ajoute une campagne jouable en coopératif / solo, en plus d'être évidemment jouable en compétitif comme le reste de la gamme.

Des "marchands" du futur débarquent sur une planète pour la piller de ses ressources. Mais tout ne se passe pas comme prévu...

Campagne plutôt généreuse, niveau matos vous en aurez pour votre argent.

Se termine le vendredi 20 à 0h59.

Sakura Arms. Un petit jeu de cartes d'affrontement. Sympathique. Mais le ticket d'entrée est bien trop onéreux pour ce créneau. A ce tarif autant plonger les yeux fermés dans BattleCON du même éditeur (Level 99).

Se termine le 20 à 7h.

Sons of Faeriell. Tabula fait de beaux jeux (Mysthea, Barbarians: the Invasion, Volfyirion...). Qui trouvent à chaque fois leur public. Mais ne font jamais "l'unanimité". A mon avis, une situation due, pour beaucoup, au décalage entre les visuels léchés et la complexité réelle de leurs titres.

Ce projet est probablement le plus trompeur. On jurerait un jeu familial, à la limite pour jouer avec ses enfants. Alors qu'il est en réalité plutôt orienté vers les joueurs aguerris.

Situation qui se complique avec une couche de coopératif (tout le monde perd si la Corruption, jouée par l'IA du jeu, l'emporte) couplé à la possibilité qu'un joueur "trahisse" et cherche à gagner avec la Corruption. Une proposition qui enchante rarement les gestionnaires purs et durs.

Matériel sans texte. Règle traduite. Se termine le 20 à 7h.

Minipedia. Scale75 produit d'excellentes peintures pour figurinistes. Une position légitime pour se lancer dans l'édition d'une collection de livres à destination des peintres. Onze titres, centrés chacun sur un sujet/problématique, à petit prix. Mais "fois onze", la totalité commence à représenter un coût non négligeable.

Néanmoins, ça semble assez pointu. Sans doute vaut-il mieux voir cette dépense comme un investissement.

Livres en français. Se termine le 20 à 18h.

Atlantis Rising: Monstrosities. J'adore ce coop (depuis sa première édition par Z-Man Games qui multipliait pourtant les défauts de conception; cette seconde, signée Elf Creek Games, a bénéficié d'un gros travail éditorial). Et je suis ravi de le savoir bientôt localisé en français. Dommage que Lucky Duck Games n'ait rien pu, ou voulu, faire pour ceux qui avaient cru en ce jeu dès sa première campagne de financement.

Si vous découvrez Atlantis Rising, faites-vous plaisir. La réalisation de base est largement suffisante, on se passe de la Deluxe sans aucun regret.

Jeu en français. Se termine le samedi 21 à 3h.

Grand Austria Hotel: Let's Waltz!. Difficile de justifier une extension coûtant plus cher (fdpin) que le jeu de base en boutique (en import, la VF ayant été limité bradée). Surtout lorsque, en plus, elle n'est proposée qu'en français.

Se termine le samedi 21 à 18h.

Star Scrappers: Orbital. Un sympathique jeu de construction de base spatiale très concurrentiel (intègre une composante militaire -mais non punitive). Rien non plus qui fasse "wow!" et aucune réelle incitation à soutenir le projet plutôt qu'attendre la sortie boutique.

Jeu en français. Se termine le 21 à 23h59.

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Au programme des jours à venir

Rulebenders.

Dès ce lundi, je vous conseille tout de même de jeter un œil sur Rulebenders. D'abord car édité par Game Bewers qui nous a habitué à de bon jeux (Gugong, Fuji Koro, Gentes...). Ensuite car ce mélange de majorité, placement et cartes nous met dans une position rare : être capables, en tant que joueurs, de modifier à chaque tour les règles du jeu.

Je vais éviter de donner un avis tellement c'est étrange. Cela ne plaira certainement pas à tout le monde mais...

Mardi, on retrouvera Asking for Trobils et ses extensions Trobil Makers et Companions. Un très bon et original jeu de pose d'ouvriers sur fond de planète envahie par d'ennuyeux trobils. Qu'il vous faut virer de là au plus vite.

On découvrira The Specialists de Explor8. Ils nous avaient fait plaisir avec Big Monster, ils nous emmènent cette fois organiser des casses façon bande d'Ocean. A base de draft de dés. A voir... notamment s'ils réussissent à soigner la réalisation/DA, on est nombreux à penser Burgle Bros à la lecture du pitch.

On approchera avec suspicion (vous êtes prévenu) U.S.S. Freedom. Qui aura fort à faire pour faire oublier qu'il n'est pas ISS Vanguard. Souffre d'un précédent KS qui semble ne pas très bien se passer. Et joue dans la gamme des jeux de SF bac à sable comme Xia: Legends of a Drift System.

Dreamcraft Games se démarquera toutefois par un précepte un peu nawak de cosplayers participants à une convention et propulsés à bord d'un vaisseau spatial qu'ils doivent gérer. Et là, moi qui suis un grand fan du nanar Galaxy Quest, je sens que je vais souffrir...

Si vous aimez les jeux familiaux tous choupinous mais pas mous du bulbe, Creature Comforts devrait vous parler. Déjà, il me parle; beaucoup.

Et ce sera tout... pour aujourd'hui. N'oubliez pas que backer, c'est bien. Jouer, c'est encore mieux.

Pour les nouveaux projets, qui ont démarré la semaine dernière, c'est par là: