Maxime Tardif, il est vraiment… Fourmidable !!

Maxime Tardif - Fourmidable, DiverCity

Maxime Tardif est Québécois, travaille en pharmacie et, accessoirement, crée des jeux. Et non content de les créer, il les édite via la société Sphere Games, qu'il a fondée à cet effet avec quelques amis. Après le succès de la campagne de son premier jeu Fourmidable (Briiliants, en anglais), il revient sur Kickstarter avec sa nouvelle oeuvre : DiverCity.

L'occasion pour Shanouillette, de Ludovox, et moi-même d'apprendre à mieux le connaître au travers d'une petite interview (entrevue, en Québécois 😉 ) ma foi fort intéressante.

Cette interview est scindée en deux partie. Une première partie, plus axée sur l'aspect financement participatif (socio financement en Québécois) que vous trouverez ci-dessous, et une deuxième partie qui s'intéresse à des aspects plus généraux qui est publiée, elle, sur Ludovox. Pas de panique, j'ai pensé à tout et le lien ad hoc est aussi présent. en bas de page

 

(Ludovox & Cwowd) - Bonjour Maxime. Peux-tu te présenter, et quel est ton parcours ?

Maxime Tardif - Fourmidable, DiverCity
Premièrement, je me nomme Maxime Tardif ;-). Je suis né à Québec et j’y vis toujours ! Mon parcours académique n’a rien à voir avec les jeux de société, je suis pharmacien et biochimiste de formation. En ce qui à trait à ma passion des jeux de société, elle a commencé lorsque j’étais adolescent et que j’ai découvert les cartes Magic.

J’y ai joué pendant plusieurs années pour éventuellement découvrir des jeux comme Catan ou Carcassonne qui m’ont fait littéralement tomber amoureux avec le hobby ! Avec les années et ma collection de jeu grandissante, je passais plus en plus de temps à jouer avec ma conjointe ou des amis. Plusieurs idées de jeux mijotaient dans ma tête et un beau jour je me suis dit: "Allez, je me lance, si je ne l’essaie pas je ne saurai jamais si j’en suis capable !".

 

(Cwowd) - Qu’est-ce qui t’a amené à créer Sphere Games ? Es-tu le seul membre de la société ?

Maxime Tardif et l'équipe de Sphere Games - FourmidableInitialement, j’ai réfléchi et analysé les différentes options qui se présentaient à moi pour atteindre mon but, créer un jeu de société. J’aurais bien aimé aller voir des maisons d’édition pour pouvoir créer mon jeu, mais essayer d’en convaincre une de publier un jeu est une tâche difficile vu le nombre de demandes qu’ils reçoivent annuellement.

Je me suis donc dit que le mieux était de lancer ma propre compagnie d’édition, ce qui est maintenant possible grâce à la plateforme Kickstarter. J’ai donc contacté deux de mes amis de longue date, qui sont maintenant mes partenaires dans l’entreprise, Simon Touzel et Simon Bélanger. Sans notre association et nos manières de penser différentes, Fourmidable n’aurait jamais vu jour !

 

 

(Cwowd) - Pourquoi être passé par le financement participatif pour Fourmidable ?

FourmidablePlusieurs raisons justifient l’utilisation du financement participatif lorsqu’on lance un nouveau jeu de société. La majorité des gens penseront que c’est uniquement pour l’argent, ce qui n’est pas totalement faux, mais je crois que la raison la plus importante est celle de créer une communauté !

En effet, Kickstarter est une plateforme qui donne une visibilité merveilleuse à de nouvelles idées, elle permet donc dans un premier temps de faire connaître le projet. Les gens qui s’y intéressent peuvent ensuite en parler, développer un sentiment d’appartenance et même participer à la création du jeu en donnant des suggestions, ce qui est génial pour une jeune entreprise comme nous ! Je dirais qu’une fois qu’une certaine communauté est créée, l’argent suivra, mais le plus important reste la possibilité de créer la communauté en premier.

(Cwowd) - Qu’espérais-tu du participatif ? Ce mode de financement a-t-il répondu à tes attentes ?

Ce qu’on voulait était définitivement de créer une communauté nous permettant de faire connaître notre jeu au plus grand public possible tout en allant chercher un financement nécessaire pour permettre le lancement de notre entreprise. Nous avons adopté une stratégie avec un faible prix pour ouvrir la possibilité à un maximum de joueurs.

Bien que ça représente énormément de travail, le financement participatif a répondu à nos attentes à plusieurs niveaux : nous avons fait connaître le jeu, ça nous a permis de lancer une production, nous avons gardé le contrôle complet sur les règles et les composantes et nous avons par le fait même réalisé une étude de marché pour savoir s’il y avait un intérêt envers Fourmidable.

 

(Cwowd) - Le nouveau jeu de Sphere Games dont tu es aussi l'auteur, DiverCity, est actuellement en campagne sur Kickstarter. Comptes-tu utiliser systématiquement ce mode de financement à l’avenir ?

DiverCityLa campagne de DiverCity a été lancée mercredi le 22 mars sur Kickstarter. Nous sommes très excités de ce deuxième projet, en espérant qu’il soit autant apprécié que notre premier.

Pour le moment, comme nous sommes une petite entreprise, il y a énormément d’avantages à passer par Kickstarter pour lancer nos projets. Éventuellement, nous aimerions garder Kickstarter pour certains jeux, mais être capable d’en lancer d’autres sans la plateforme de socio-financement. Est-ce qu’on sera capable de se rendre à ce point un jour ? On aimerait bien, le temps nous le dira.

 

(Cwowd) - Quelle est ton opinion quant à l’édition de jeux spécifiquement destinés au participatif et uniquement pensés pour ce mode de financement ?

Maxime Tardif en démoJe pense qu’il est clair qu’en ce moment dans l’industrie, deux modèles se dessinent. D’un côté, les jeux qui passent par le financement participatif qui sont souvent remplis de composantes alléchantes, mais dont on ne connaît pas toujours la qualité. Et d’un autre côté, ceux en magasin qui sont disponibles tout suite et révisés par des éditeurs, avec donc plus de chance d’être bien rodés.

Contrairement à plusieurs personnes, je pense que les deux modèles d’affaire sont viables et complémentaires. Je pense que plus il y a de jeux et que plus les gens jouent à des jeux, mieux c’est, peu importe la manière dont ils se les procurent.

À mon avis, autant les boutiques que Kickstarter peuvent faire découvrir notre hobby à un nouveau public et que les deux s’amènent mutuellement de la nouvelle clientèle au final. Oui, il y a une certaine compétition, mais il y a encore énormément de place pour la croissance et je crois que les deux peuvent être de bons catalyseurs complémentaires.

 

(Cwowd) - Que penses-tu du marché ludique actuel ?

On assiste présentement à une mutation du marché avec la mondialisation et l’informatisation, un peu comme ce que Youtube a permis pour plusieurs musiciens qui peuvent maintenant se produire eux-mêmes et se faire connaître du public directement, sans passer par les maisons d’édition qui auraient, dans bien des cas, refusé de les produire. C’est une libéralisation du marché qui, je crois, est saine au final. Je pense que bien des artistes sont maintenant connus grâce à Youtube, plateforme sans laquelle ils ne seraient jamais aussi populaires.

DiverCityÀ la différence de la musique cependant, je ne pense pas que cette libéralisation du marché fasse fermer les boutiques de détail. Au contraire, un jeu de table par définition, et tel qu’on le connaît, ne peut pas se télécharger directement (mis à part les applications, mais ça c’est autre chose). On doit donc obligatoirement se le procurer physiquement, ce que les boutiques permettent beaucoup mieux que les achats en ligne. Car on obtient le jeu en mains propres la journée où on le veut, on peut souvent l’essayer avant ou demander conseil et on peut aussi manipuler la boîte. Je pense donc que les deux industries sont, à long terme, complémentaires.

En ce qui a trait à DiverCity, nous allons faire une version Deluxe qui peut plaire un peu plus aux consommateurs Kickstarter et une version standard tout aussi jouable, mais à un coût moindre, qui sera plus facilement distribuable dans les boutiques de jeu de société. Nous essayerons donc, pour tous nos jeux, d’avoir une viabilité sur Kickstarter autant que dans les magasins, puisque les deux sont importants pour nous.

 

(Cwowd) - Que penses-tu des critiques à l’encontre du financement participatif ? (Jeux pas finis, travail d’édition au rabais, image…)

Il est certain qu’aucun modèle d’affaire n’est parfait, et Kickstarter n’y fait pas exception. Cette méthode de financement étant relativement nouvelle, je pense qu’à long terme le marché va se stabiliser et s’améliorer à différents égards.

Les consommateurs vont aussi être de plus en plus informés et faire attention aux projets qu’ils financent. Si on regarde les débuts de l’utilisation de Kickstarter pour les jeux de société, les pages et les jeux en général étaient beaucoup moins bien rodés. Plus le temps va passer, plus la qualité des jeux va monter et les consommateurs vont financer les projets en conséquence. On voit déjà une tournure du marché vers cette tendance.

Il restera surement plusieurs cas de jeux pas finis ou incomplets, mais plusieurs autres qui seront excellents et n’auraient jamais existé sans kickstarter.

 

(Cwowd) - Et par rapport à la communication, aux retards…?

Par rapport à la communication, je pense que c’est une priorité de bien communiquer au backers l’avancement du projet, et que si la communication est bonne et le jeu est bon, un retard devient moins significatif. Dans un monde idéal il n’y aurait jamais de retard, mais malheureusement les imprévus sont fréquents.

 

(Ludovox & Cwowd) - Quels sont, à titre personnel, vos jeux phares ?

Le jeu qui m’a vraiment fait accroché au hobby plus sérieusement est 7 Wonders. J’en ai ensuite découvert plusieurs autres, mais je reviens souvent à ce dernier vu sa simplicité, le niveau de stratégie et le temps de jeu relativement court ! Dans la même veine, l’an dernier j’ai découvert Roll for the Galaxy. Étant un fan de Race for the Galaxy, je n’avais pas le choix ! Je préfère Roll à Race, car j’adore les dés. Wow, quel bon jeu !

 

 

(Ludovox & Cwowd) - Le jeu DiverCity a-t-il vocation à être distribué chez Pixie si tout va bien ?

Pour le moment il est trop tôt pour parler du réseau de distribution pour DiverCity, puisque le jeu n’existe pas encore sous forme commerciale. On va attendre de voir si on est tout d'abord capable d’atteindre notre but, mais c’est une possibilité qu’on envisage, si le Kickstarter fonctionne. Les gars de Pixie Games ont une copie du prototype entre les mains, ils pourront donc l’essayer et voir si le projet les intéresse aussi, ça fonctionne dans les deux sens au final.

 

(Cwowd) - La campagne de DiverCity à été lancée mercredi dernier. Tu m'avais semblé assez anxieux quelques instants avant d'appuyer sur le bouton "go" (on le serait pour moins que cela). Alors, te sens-tu mieux désormais et ce début de campagne correspond-t-il à tes attentes ?

Je suis vraiment satisfait de ce début de campagne ! Nous avons déjà plus que doublé notre objectif en moins de 72h et nous avons déjà 9 stretch goals de débloqués! Merci à tous nos backers pour cette réponse formidable ! Le stress de début de campagne est définitivement tombé et maintenant nous leurs préparons plusieurs surprises pour les semaines à venir, en espérant qu'elles vous plaisent !

(Note de Gougou69:  A l'heure où sont publiées ces lignes, la campagne à récolté 47.500 CA$ pour 20.000 demandés, apportés par 600 contributeurs)

 

 

 

Vous trouverez la suite de cette interview, menée par Shanouillette, sur Ludovox.


Le financement de cwowd est assuré par ses membres sur tipeee. Vous pouvez aussi soutenir cwowd ponctuellement via Paypal.

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