Pétrichor : L’instant rare de la pluie bienveillante.

Petrichor est de ces jeux abstraits à la thématique improbable qui sait créer des moments ludiques aussi magiques que prenants. Vous êtes-vous imaginé un jour devenir nuage le temps d’un jeu ? Sous cette thématique légère et poétique se révèle un jeu qui demande réflexion, stratégie et opportunisme. La part de chance est réduite à sa plus simple expression contrairement à l’interaction entre joueurs. Le reste dépend de vos actions et de vos votes ! Avec Petrichor, vous allez aimer la pluie.

Petrichor combine habilement une mécanique de majorité à une mécanique de vote. A chaque tour de jeu (il peut y en avoir quatre ou six, au choix des joueurs), cette alchimie demande au joueur de savoir planifier ses actions pour avoir le plus de ses gouttes de pluie sur des tuiles plantations (9 tuiles ; 12 pour une partie à 4 joueurs) au moment de la récolte de celles-ci, ce qui correspond au décomptage de points. Un tour se compose de 3 phases : la phase Actions, la phase Météo puis la phase Récolte.

Qui n’a jamais rêvé de contrôler la météo ?

Les joueurs ont quatre actions possibles à jouer, grâce aux cartes qu’ils ont en main.

• La carte froid/gel : elle permet de créer un nuage (contenant une de nos gouttes d’eau) et de le placer sur une tuile plantation vide;
• La carte soleil : elle permet d’ajouter deux gouttes d’eau dans un nuage ayant déjà une goutte d’eau du joueur;
• La carte vent : elle permet de déplacer (orthogonalement seulement !) un nuage;
• La carte pluie : elle permet de déposer une goutte de pluie (même celle d’un autre joueur) sur la tuile plantation sur laquelle le nuage se trouve.

A son tour, un joueur peut faire deux actions maximum. La première action nécessite une seule carte mais la seconde, facultative, exige de poser deux cartes identiques. On peut aussi jouer deux cartes différentes pour faire l’action de son choix. Comme la main de chaque joueur est de 7 cartes au total pour un tour, il convient de bien peser chaque carte jouée. Tant qu’aucun joueur ne passe, les actions peuvent s’enchaîner. Dès qu’un joueur passe, la phase Actions s’achève, les autres joueurs pouvant encore réaliser une action.

A chaque fois qu’un joueur exécute une action, il vote aussi pour la phase méteo à venir : soit pour la météo équivalente à l’action qu’il vient de faire, soit pour celle qui suit (comme indiqué sur la carte jouée). Il peut aussi ne pas voter mais tourner un des trois dés disposés sur le plateau central. Sur deux de leurs faces figure un symbole récolte ; sur les autres un nombre décroissant de pions vote. Quand les trois dés affichent une face récolte, il est temps de compter les points ; sinon on passe au tour suivant. Il faut donc savoir provoquer un décompte des points quand cela est à son avantage car ce n’est pas systématique.

Faites la pluie et le beau temps !

Mais, avant, survient la phase météo ! Lors de celle-ci, on active les deux conditions météorologiques ayant obtenu le plus de votes :

• Le gel transforme les nuages normaux en nuages d’orage (avec un petit éclair à disposer) ;
• Le soleil permet à chaque joueur de doubler le nombre de ses gouttes d’eau dans un seul nuage ;
• Le vent permet à chaque joueur de déplacer une goutte d’eau posée sur une tuile vers une autre tuile adjacente, en ligne droite orthogonale également (pas de diagonale dans ce jeu !) ;
• La pluie vide tous les nuages d’orage (et seulement ceux-ci) sur les tuiles plantations où ils se situent.

L’eau c’est la vie !

A l’heure de la récolte, on compte le nombre de gouttes de pluie sur chaque tuile et on attribue les points de victoire en conséquence. Si, en général, il est bon d’avoir la majorité des gouttes sur une tuile, chaque tuile plantation a un décompte de points spécifique ; puis les gouttes sont ensuite retirées des tuiles. On reçoit aussi des points de victoire quand on a voté pour une des météos élue et quand on décide de faire avancer un des dés vers la face récolte.

Avant de passer au tour suivant, on relance les dés qui n’affichent pas de face récolte et on redistribue une main de cartes aux joueurs. A la fin du jeu, il y a toujours une phase récolte pour un dernier décompte de points. Le joueur ayant le plus de points au final est déclaré vainqueur.

Déjà au loin, l’orage gronde…

Tuile Perce-neige

Ce mélange de phases d’actions et de météo donne un jeu assez interactif et dynamique. Chaque joueur doit agir et anticiper pour garnir les nuages de ses gouttes d’eau et faire élire les bonnes phases météo afin qu’à l’heure de la récolte, ses gouttes soient les plus nombreuses sur les plantations. L’interactivité va plus loin puisque l’on peut faire de deux nuages un seul en jouant une action vent, on peut déplacer ses gouttes ou celles de ses adversaires pour faire évoluer les majorités potentielles, etc. Les renversements de situation ne devraient donc pas être rares ; sans compter que les nuages trop chargés peuvent se déverser d’eux même.

Si les mécaniques de jeu sont plutôt simples à comprendre et la règle de base facile à assimiler, Petrichor offre bien des choix et possibilités pour parvenir à la victoire. Chaque plantation (maïs, riz, blé, herbe, café, pommes de terres, coton, fleurs, etc.) a un système de score qui lui est propre. Le jeu propose plus de plantations qu’utiles en jeu, ce qui multiplie les possibilités de mise en place. A chacun de choisir sa stratégie pour optimiser chaque situation de majorité ou pour contrer le placement des adversaires.

Les nuages

Que la récolte est belle !

La campagne KS aura été l’occasion d’améliorer le matériel et la boite mais aussi de compléter les mécaniques. Le jeu dispose en plus, à présent, d’une mini extension intitulée « Prévision ». Celle-ci comprend des cartes spéciales à jouer en lieu et place des cartes normales ou à un moment donné pour perturber le jeu. Se sont également ajoutées des cartes avec des capacités inhérentes à chaque joueur, histoire de rendre le jeu asymétrique. L’essentiel de ces compléments du jeu concerne les souscripteurs du niveau « Thunderstorm » (qui ajoute l’extension Petrichor Flowers, avec de nouvelles tuiles et la possibilité de jouer à cinq) ; ceux ayant opté pour le soutien de base se contenteront des améliorations de la boite. Il faut noter la présence de deux tuiles exclusives au Kickstarter pour tous, qui feront du jeu obtenu via le financement participatif une version originale.

A quelques jours de la fin de la campagne, l’offre Petrichor mérite attention. Le jeu peut réunir de 2 à 4 joueurs (5 si l’on prend l’extension Petrichor Flowers) et dispose d’un mode solo. Le matériel, que ce soit les paniers-nuages, les gouttes d’eau symbolisées par des perles de verre, le plateau, les cartes ou les tuiles, tout respire la légèreté et la sobriété. C’est tout à fait le type de jeu au charme apaisant qui se joue tranquillement mais intensément. Attention cependant, il n’y a pas de règles officielles en français, mais vous en trouverez la traduction dans le forum de cwowd, ce qui sera suffisant puisque les éléments du jeu n’ont pas de texte.

Au fait, que signifie Petrichor ? Le terme, d’origine grecque, désigne l’instant où la terre depuis longtemps desséchée, exhale une odeur particulière juste après le retour de la pluie et annonce aux hommes la renaissance de la nature. Puisse le jeu éponyme vous faire partager un instant ludique précieux, original et toujours renouvelé.

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