Les sorties de la semaine ont été marquées par quelques loupés. Et deux projets que tout oppose si ce n'est, peut-être, qu'ils sont le fruits de deux auteurs-éditeurs. Deux personnalités différentes mais attachées à faire de beaux et bons jeux qui soient aussi accessibles que possible.
Le vote des joueurs fut donc plus serré que prévu. Mais, à la fin, l'originalité a primé sur la beauté.
Le projet de la semaine (d'après vous)
Roll Player Adventures
Sur Kickstarter jusqu'au 17 juillet.
La page KS. On en discute.
Flashback en mai 2014. Un inconnu du Wisconsin débarque sur KS avec un petit jeu abstrait : Bullfrogs. Un projet qui peine mais qui m'émeut, tant par ses mécaniques que par la volonté du garçon derrière. Au point que je me lance dans sa traduction et un peu de "promo" sur tric trac puisque les choses se passaient là-bas à cette époque.
L'apport de la communauté française, une centaine de backers au final sur le millier global, aura permis à la campagne de connaître un boost suffisant pour décoller.
Six ans plus tard, le monsieur a prouvé déjà plusieurs fois toutes ses qualités, tant en auteur de jeu qu'en éditeur (Thunderworks Games). On lui doit Roll Player, Cartographers: A Roll Player Tale, Dual Powers: Revolution 1917 mais aussi une participation à Skulk Hollow, Herbaceous, Sunset Over Water et The Whatnot Cabinet en ce moment sur Kickstarter.
Un bien joli parcours qui doit beaucoup à l'enthousiasme des joueurs français lors de son tout premier projet. Merci à vous, cela lui aura ensuite permis de financer deux de mes jeux préférés (Roll Player et Cartographers).
Dernier en date, donc : Roll Player Adventures qui nous replonge dans l'univers commun à Roll Player, Cartographers et Lockup (aucun éditeur n'est parfait^^). Dans un registre très différent : on quitte les jeux plutôt légers, ou en tout cas "petits" pour rentrer dans le monde des RPG. Des jeux d'aventure qui débordent de matériel, d'heures de jeu et coûtent un rein.
Mais sans plastique. Aucune figurine dans ce jeu qui repose sur douze livrets (un par aventure) et de la gestion coopérative des ressources (cartes et dés). Le tarif peut du coup sembler assez élevé mais se justifie (selon l'éditeur) par un gros travail d'écriture et de conception. Et une pelletée de dés.
Comme pourrait le faire un RPG sur console (ou comme les RPG sur concoles pourraient et devraient le faire^^), l'idée du jeu est de mettre les joueurs devant des choix (les trolls, on les tue ou on partage un repas avec ?). Et de faire que ces choix vont modifier les personnages mais aussi l'aventure. Avec des changements qui peuvent intervenir à long terme.
Une mécanique de mots-clés, qu'on gagne via certaines actions, ouvrira ainsi, plus tard, de nouvelles options scénaristiques.
La comparaison avec Gloomhaven est inévitable. Et le mieux est encore, il me semble, de voir ce Roll Player Adventures comme un anti-Gloomhaven.
Ici, la part du lion (eh eh) revient au narratif. Le joueur est mis devant des choix (plus complexes, et nécessitant de la créativité, que ceux d'un classique LDVELH). Et, surtout, la gestion des ressources (cartes, dés etc.) remplace totalement la partie tactique qui fait le bonheur des amateurs de Gloomhaven. Si c'est ce qui vous plait, passez votre chemin.
Les rencontres, tests etc. se résolvent en effet à l'aide de placement de dés coopératif en optimisant ses cartes pour modifier leurs valeurs. Un aspect "puzzle" coopératif qui ravira les amateurs de Roll Player puisqu'il en est le prolongement.
Au passage, il est aussi possible de générer ses personnages via une partie de Roll Player (mais de nombreux héros sont fournis si vous ne disposez pas de ce... bijou^^).
Roll Player Adventures devrait particulièrement convenir à ceux qui n'imaginent pas se lancer dans une campagne de plusieurs centaines d'heures. Les scénarios sont courts (une heure annoncée, semble réaliste) et limités en nombre (une douzaine). Mais la richesse dans les choix et leur influence sur le futur de l'histoire et l'évolution des personnages selon nos actes devrait assurer une excellente rejouabilité.
L'extension (pas testée, on va croire Keith Matejka sur parole) ajoute des histoires personnelles, individuelles. Un enrichissement un peu à la façon des extensions de Roll Player; et donc probablement tout aussi indispensable.
Et maintenant que je vous ai bien vendu ce nouveau bijou signé Thunderworks Games, la mauvaise nouvelle : le jeu est uniquement proposé en anglais. Et vu le poids du narratif, cela devrait tuer net les meilleures volontés. Dont la mienne.
Les succès de Roll Player et Cartographers permettent en plus d'envisager une probable traduction. Plus tard. En boutique... où le tarif ne devrait pas être différent.
En tout cas, je ne saurais trop vous conseiller de tester le jeu sur Tabletopia ou Tabletop Simulator. Qui sait, je ne serai peut-être pas le seul à le mettre tout en haut de ma wishlist... dès qu'une traduction sera disponible.
Les autres sorties de la semaine
Canopy
Sur Kickstarter jusqu'au juillet.
La page KS. On en discute.
Amoureux de la nature ou simplement de parties de jeu calmes et détendues, rafraîchissantes, ne passe pas ton chemin.
Pose plutôt ta besace en ces lieux où Vincent Dutrait a étalé sa palette de vert. Une (gamme de) couleur qui va "trait" bien au talent du monsieur.
L'auteur, Tim Eisner, est peut-être plus connu pour The Grimm Forest (La Forêt des Frères Grimm), Tidal Blades: Heroes of the Reef ou The Grimm Masquerade. Mais quand il édite lui-même, c'est généralement sur des thèmes "nature" qui semblent lui tenir à cœur; comme pour les fourmis de March of the Ants.
Il nous propose cette fois un jeu pour deux joueurs qui doivent créer une forêt vierge variée et équilibrée. Le tout, donc, joliment servi par le style Dutrait qui s'exprime ici parfaitement.
Du set collection à base de draft, saupoudré d'un peu de stop ou encore pour pimenter les parties : voilà un titre aux mécaniques très accessibles qu'on devrait pouvoir partager avec presque n'importe qui. Avec, en plus, des tarifs eux aussi accessibles (34€ environ, fdpin, pour la Deluxe).
Seul petit bémol : le jeu n'est proposé qu'en anglais (mais la règle sera certainement traduite en français). Mais avec très peu de texte, la plupart des cartes se limitant à une iconographie (très claire). Reste quelques cartes d'animaux disposant d'une capacité spéciale. Pour si peu, ce serait dommage de faire l'impasse si le thème/genre vous parle.
Domination. Matériel de jeu sans texte. Phallanx est probablement le meilleur quand il s'agit de créer un jeu à mi-chemin entre wargame et jeu de plateau. Capables de satisfaire aussi bien ceux qui poussent des pions que ceux qui préfèrent les cubes. Tout en offrant des réalisations plus abouties, plus belles, que la plupart des jeux de plateau. Il l'a prouvé notamment avec Hannibal & Hamilcar mais aussi, et surtout, U-Boot.
Dans Domination, un jeu de contrôle de zone stratégique, axé sur les cartes et jouable avec deux joueurs (ou pour trois ou quatre joueurs dans deux équipes), vous devez exploiter vos industries pour développer de nouvelles armes, rechercher le soutien de nations neutres, former et financer des armées partisanes massives pour résister à l’occupation, briser les codes de l’ennemi, planifier et exécuter des opérations militaires.
C'est un peu moins évident pour cette révision d'un jeu taïwanais (Mini War II de Formosa Force Games). La réalisation est moins "stupéfiante"; ce qui est probablement du à un jeu finalement un poil abstrait tendance minimaliste. Pour l'essentiel du contrôle de zone alimenté par des cartes à usages multiples (mouvements, combats, progrès technique, gain de PV, d'influence etc.).
Pas le plus beau Phallanx ever. Mais des mécaniques intéressantes, comme souvent avec les jeux reposant sur des choix d'utilisation multiples pour chaque carte. Et le tarif du pledge de base est très correct, le jeu devrait parfaitement se passer des figurines qui doublent la mise (on regrettera par contre que le tapis de jeu ne soit pas en option).
Sur Kickstarter jusqu'au 14 juillet. On en discute.
Intrepid. Uproarious a déjà trois Kickstarter à son passif et aucun n'a particulièrement brillé -si ce n'est Getaway Driver et ses 5000 backers. Ni déclenché d'enthousiasme à la réception (y compris, donc, Getaway Driver). Il nous revient avec un coopératif mettant en scène des astronautes à bord de l'ISS.
Une Station Internationale façon Gravity (le film). Où tout menace de partir en couille au moindre pépin. Dans un style rouillé et crasseux bien loin du réel aseptisé et méticuleux. Plus Soyouz que ISS.
Bref. Je suis peut-être un extrémiste sur la question. Si vous voulez me faire pleurer, il suffit de me faire regarder un décollage de fusée (ou mieux encore un atterrissage^^). Mais cela me semble aussi peu réaliste que fou-fou dans les mécaniques.
Sur Kickstarter jusqu'au 9 juillet. On en discute.
Sherwood Bandits. Règle traduite et matériel sans texte. Comme Awaken Realms ou Mythic Games, Ludus Magnus (Dungeonology, Sine Tempore, Black Rose Wars...) tente de se diversifier avec une structure spécialisée en (plus) petits jeux. Histoire, probablement, de ne plus être trop dépendants d'un gros jeu annuel qui risque d'avoir du mal à se vendre en boutique.
Malheureusement, cela fonctionne nettement moins bien. Un peu tard; après que les backers aient été invités à re-mettre la main à la poche pour se faire livrer la seconde vague de Black Rose Wars. Un peu (trop ?) léger. Et surtout un peu beaucoup trop onéreux.
Sur Kickstarter jusqu'au 2 juillet. On en discute.
Syndicate. Si vous espériez une adaptation du classique de Bullfrog, c'est loupé. Le thème est pourtant le même, ou presque : Syndicate vous met à la tête d'une organisation criminelle (sur la planète Arcturus) que vous devez amener "au sommet". Sans vous faire remarquer (plus que nécessaire).
Le traité est... réussi. Et colle bien au thème. Étonnamment, ce sont plus les mécaniques qui paraissent incongrues. Drôle d'idée, en effet, que d'associer un 4X (eXploration, eXpansion-conquête, eXploitation des ressources, eXtermination des ennemis) à des syndicats du crime censés agir dans l'ombre.
Nul doute que l'éditeur collera tout un tas de cartes d'événements, effets etc. qui raccrocherons les wagons. Mais il ne faudra tout de même pas être trop regardant sur la solidité de l'édifice...
Sur Kickstarter jusqu'au 24 juillet. On en discute.
Unlikely Heroes. Un petit jeu d'aventure narratif à base de tuiles. Dans la veine d'un 7ème Continent donc. En plus léger. Plus accessible. Sans doute moins punitif. Mais uniquement en anglais.
Sur Kickstarter jusqu'au 23 juillet. On n'en discute pas (en tout cas, personne n'a créé de sujet. Feignasses!).
Yura Yura Penguin. Équivalent nippon de Rhino Hero. Avec des pingouins sur glace. Le tarif reste correct. On n'en parle pas non plus (encore; pareil).
Pour les projets qui se terminent et ceux annoncés cette semaine, c'est par là :
Pour Hybris, c’est l’image du proto dans la revue.
Mais le jeu est bien plus beau désormais. Il est magnifique en fait:
y en a un qui est dans les starting blocks… il n’en peut plus…
Pour Parasite Game
Pour le coup, je ne suis pas d’accord, c’est le projet financement participatif pour Chèvre Edition qui marche le mieux alors vu que le prix est à 10 €, c’est sûr que ça ne fait pas un gros KS, mais je suis très content de l’engouement autour du projet.
Pour infos :
• Dans les Cordes = 180 pledgeurs
• Saline = 240 pledgeurs
• Parasite Game à ce jour 280 pledgeurs et il reste encore 1 semaine.
Je remercie en tout cas tous ceux qui ont participé et en particulier les utilisateurs Cwowd pour leur bonne humeur et leurs retours constructifs
Des deux précédents projets cités dans la revue. Soit les tuiles 3D de Terraforming Mars et l’extension Funforge dont le nom m’échappe
haaaaaaaaaaaaaaaaaaa j’avais mal compris alors oui c’est sur que je suis loin très très loin du compte face aux deux mastodontes
Bravo… comme toujours tout les lundi et mardi… j’adore votre chronique…
Y’a pas Canopy ?
C’est une nouveauté, donc il arrive (faut que je m’y mette, là. Une de ces flemmes aujourd’hui…)
Je crois qu’aujourd’hui, j’ai la même…
la seconde partie, avec les sorties de la semaine passée :