Terra Formars, c’est quoi ? Quand on est un joueur de jeu de plateau on pense de suite à un jeu de terraformation de Mars, un jeu de gestion avec du cube ou du meeple. Les plus connaisseurs risquent même de parler du jeu de Jacob Fryxelius (Terraforming Mars -la fiche Ludovox du jeu) qui sort cette année ou du kickstarter Martians : A story of civilization. Eh bien non, Terra Formars c’est avant tout un manga. Un seinen pour être plus précis. Normalement, là j’en ai perdu la moitié d’entre vous. Un seinen, pour faire court, c’est un manga destiné aux jeunes adultes qui aiment les thèmes un peu plus sérieux et/ou violent. Les plus connus en France actuellement s’intitulent : L’attaque des Titans ou One Punch Man. Pour les plus anciens, Monster leur parlera peut-être un peu plus.
Donc Terra Formars est avant tout un manga paru en 2011 au Japon, également édité en français depuis 2013. Il existe aussi un animé qui compte deux saisons pour une vingtaine d’épisode. L’histoire est assez simple : au XXIe siècle, des scientifiques décident de rendre Mars habitable. Pour cela, ils souhaitent en modifier l’atmosphère en y faisant pousser des lichens et en la peuplant de cafards. Sur le papier, ça marche mais il faudra des centaines d’années pour en voir les résultats. C’est ainsi qu’on se retrouve 500 ans plus tard, la terraformation est achevée et une expédition est envoyée sur Mars pour voir les résultats ; et éradiquer les cafards qui auraient survécu. L’expédition va virer au cauchemar. Les cafards ont subi des mutations qui leur donnent une forme humanoïde et une force surhumaine. L’histoire de Terra Formars commence 20 ans plus tard. Une seconde expédition d’individus génétiquement modifiés retourne sur Mars pour reprendre à ces satanées bestioles « notre » planète mais là encore tout ne va pas se passer comme prévu.
Le pitch est simple, mais le manga est très original, bien dessiné et avec de nombreux rebondissements. Comme pour Game of Thrones ou L’attaque des titans, il ne faut pas s’attacher à un personnage.
Bref, maintenant qu’on connaît le « quoi », quel est rapport avec Cwowd et les jeux de société ? La réponse est dans le « qui ». Il s’avère que Tsume détient les droits en Europe de Terra Formars. Tsume est avant tout une entreprise qui fabrique des figurines résine/PVC mais ils ont plusieurs cordes à leur arc, dont une branche qui crée et édite des jeux. C’est donc Yoka Board Games, déjà à l’origine du très sympa Naruto Shippuden, qui va éditer, d’ici la fin de l’année, un jeu sur l’animé Terra Formars. Son auteur, Nicolas Badoux, signe ici sont deuxième jeu sur le thème manga et certainement pas le dernier.
Son premier jeu, Naruto Shippuden justement, en collaboration avec Cyril Marchiol était un jeu coopératif assez classique où l’on devait, en un nombre de tour limité, empêcher l’éveil d’un grand monstre. Pour les connaisseurs, on devait empêcher Obito d’éveiller Gedo Mazo. Le jeu tourne très bien : on combat des ennemis à coup de dés, de chakra et de cartes ; et on se déplace en déjouant les nombreux pièges sur son chemin. Le matériel était impeccable avec des illustrations et des figurines de qualité.
Son second jeu n’a rien à voir. Chacun va jouer le rôle d’un officier qui va devoir repousser des hordes de cafards sur Mars. Ici point de coopération entre les joueurs, c’est même plutôt l’inverse. Terra Formars est un jeu de dés et de cartes où l’on va pouvoir s’armer pour combattre des cafards afin de gagner un maximum de points tout en essayant d’empêcher les autres d’en faire autant.
Au début de la partie chacun choisi un officier possédant un pouvoir spécial activable et un pouvoir spécial permanent. Ensuite on installe d’un côté un paquet de cartes cafard possédant un pouvoir négatif, des points de vie, une valeur en point de victoire et des récompenses. Et de l’autre un paquet de cartes équipements et actions. On révèle un certain nombre de cartes des deux paquets en fonction du nombre de joueur et en avant la baston.
A son tour de jeu, un joueur placé sur un cafard doit le combattre et lancer 6 dés. Toutes les faces sont différentes et possèdent plusieurs symboles. Les symboles serviront à acheter des cartes (étoiles), infliger des dégâts (poings), activer nos pouvoirs ou notre équipement (seringue) ou déclencher les pouvoirs des cafards (warning). A nous ensuite de répartir les dés comme l’on souhaite. Une fois un cafard détruit on récupère sa carte et on change de cible.
Le sel du jeu réside dans les cartes et dans les combats :
- Dans les cartes parce que les équipements sont nombreux et variés, ils permettent de transgresser les règles de base, de modifier les dés, de jouer un dé bonus différent des autres dés, de changer de cible en cours de partie… De même, les cartes action que l’on garde en main et que l’on peut jouer n’importe quand permettent d’augmenter sa force ou d’interagir avec les autres officiers (défausser des cartes, jeter des dés en moins…).
- Dans les combats parce que seul l’officier qui tue un cafard bénéficie de ses points de victoire. On peut donc très bien donner le coup de grâce alors que les autres lui avaient fait perdre la majorité de ses PV. De plus, chaque joueur présent lors de la mort d’un cafard pourra toucher des récompenses réparties par le joueur qui a tué la bestiole.
En tant qu’amateur de Manga et de Japanimation, je suis heureux de voir enfin un éditeur se pencher sur cette licence sans faire des variantes du Monopoly et autres Risk. Terra Formars est un jeu mêlant cartes et dés avec une forte interaction. Les cartes rendent les parties variées et les alliances sont nombreuses et changeantes ; comme dans le manga. Un bon petit jeu, que j’ai hâte de voir sous le sapin.
Note : La plupart des illustrations sont tirées de l’animé à l’exception de quelques unes réalisées spécialement pour le jeu. Les photos ont été prises lors d’une partie sur prototype lors des Tsume Fan Days 4 et certains composants comme les dés, figurines et jetons ne sont pas définitifs.