La rumeur laissait penser qu'une version française était envisageable pour The Edge. C'est désormais une réalité.
The Edge: Dawnfall est l'oeuvre de Michał Oracz qui a gagné ses galons d'auteur avec Neuroshima Hex. Plus récemment, il a également signé une des meilleures surprises de 2016 avec Cry Havoc. Et il est aussi derrière un des Kickstarters les plus originaux, et appréciés, de 2016 : This War of Mine. L'homme n'est guère prolifique, il se fait même rare. Mais en matière de jeux d'affrontement, le monsieur ne manque donc pas de référence.
Ce même This War of Mine fut d'ailleurs l'occasion de découvrir un nouvel éditeur*, Awaken Realms, qui s'imposait d'entrée sur KS avec une superbe campagne. Animation, contenu de l'offre, originalité du jeu et, pour finir, traduction du jeu en quatre langues (dont le français) leur ont permis d'atteindre les 10.000 souscripteurs. Une performance rare pour un primo-éditeur (ou quasiment, juste deux KS pour des figs puis des éléments de décor); et plus encore avec un jeu aussi difficile d'accès que cette survie de gens "normaux" dans un Sarajevo sous les bombes.
The Edge: Dawnfall : premières impression flatteuses
Autant dire que retrouver M. Oracz aux commandes d'un jeu d'affrontement publié par Awaken Realms a tout de suite attiré notre intérêt. Avant même de découvrir les sculpts des figurines. Qu'on aime ou pas, mais qui sont tout simplement époustouflantes, dans un mélange original de steampunk et SF, de fantasy et méchas. Le mix pourrait être du grand n'importe quoi mais l'ensemble est au contraire consistant malgré le système de factions. Chacune dispose de sa propre identité, bien affirmée ; mais l'ensemble reste totalement cohérent.
Il faut préciser que Awaken Realms n'est pas un total inconnu. Avant de se lancer dans l'édition, c'était un studio de peinture de figurines. Autant dire des amateurs passionnés, qui en connaissent un bout à propos de nos jouets préférés. The Edge: Awakening est d'ailleurs la suite d'un premier KS, financé en mars 2015 et relativement confidentiel car réservé aux puristes du jeu de figurines. Sans plateau. Et avec une gamme en résine opposant Anges (Chapter) et Démons.
A l'intérieur de The Edge
De ce jeu pour figuriniste, M. Oracz a fait un jeu d'escarmouche musclé et violent, où la taille des figurines n'est pas seulement de la décoration mais bien ancrée au cœur des mécaniques. On sent bien la patte du créateur de Neuroshima Hex, auquel The Edge doit beaucoup, avec des unités qui ne vont pas s'éterniser en jeu et des pouvoirs qui font la différence quand on les utilise. S'y ajoute une gestion des ressources tendue (une mana renouvelable à chaque tour et une à usage unique, mais avec possibilité d'en regagner via des points objectifs) pour obliger à bien réfléchir à ses actions.
A la façon d'un N. Hex, toutes les unités sont différentes, avec des pouvoirs particuliers. Mais chacune existe en plus en deux niveaux de puissance/efficacité différents et dispose de son propre deck qui va permettre de booster l'unité ou d'influencer sur la partie.
Une des plus grandes forces du jeu, sinon LA grande force, réside dans la facilité de mise en place. Non seulement les factions sont des "prêts à jouer", mais les scénarios sont en plus conçus pour éliminer tout le superflu. Fini les départs de parties avec chaque joueur sur un bord du plateau : dans The Edge, la partie commence directement dans le feu de l'action, avec les unités à portées. Aucun temps perdu !
Un jeu qui s'annonce particulièrement tactique, avec une belle courbe d'apprentissage, qui ne perd pas de temps en préparation et privilégie rapidité et intensité. Et est en plus jouable en campagnes qui héritent du système créé pour This War of Mine : les décisions prises lors d'un scénario influent sur les suivants sans qu'on sache à l'avance comment. S'y ajoute une dimension économique/politique (mais sans qu'on en sache plus).
Awaken Realms et Michał Oracz avaient surpris tout le monde avec This War of Mine. Et, plus surprenant encore, ils remettent ça six mois plus tard. Cette fois avec un jeu d'affrontement qui reprend certains éléments de This War comme une réelle scénarisation qui ne soit pas seulement des batailles qui s'enchaînent juste histoire de dire qu'il existe une campagne. Tout en exploitant les superbes figurines de leur tout premier KS et en s'inspirant d'un des meilleurs jeux d'affrontement sorti ces dix dernières années: Neuroshima Hex, lui aussi signé Oracz.
La boucle est bouclée.
Et ça coûte combien ce petit bijou ?
Reste le coût qui n'est pas négligeable, mais c'est une constante pour ce genre de jeu. Et on bénéficie en outre en ce moment d'un taux de change très favorable sur la livre. Il vous en coûtera néanmoins 85£ (+12£ de fdp, soit un peu moins de 110€) pour un soutien avec deux factions. Mais la bonne affaire (si, si) est à chercher du côté du soutien "Warchest" à 150£ (+15£ de fdp) : les 6 factions, plus une en bonus avec les Stretch Goals, pour 188€.
De nombreuses options sont disponibles, jusqu'au "tout résine" qui vous coûtera un rein. Mais aucune ne nous a semblé indispensable. Et on apprécie beaucoup l'ajout en fin de campagne de version en carton des "boss" ou éléments de terrain pour respectivement 20 et 25£ (au lieu de 290 et 130£ en plastique). Le genre d'initiative qu'on ne voit pas souvent !
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